« Soyez clairs et entendibles »
Si François Ier n’avait pas chassé, en 1539, dans la forêt de Villers-Cotterêts, nous écririons peut-être encore en latin. La langue des Romains était revenue en force parmi les clercs, qui donnaient des racines latines à tout va, y compris aux mots d’origine arabe. Bref, le roi de France, tout en laissant courir sa meute sur la voie d’un dix cors royal, songea que « les arrêts devaient être clairs et entendibles ».
Sitôt le dernier hallali sonné, il convoqua le chancelier de France Guillaume Poyet qui rédigea les 192 articles composant la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts. Celle-là dit en substance que tous les actes notariés et de procédures seraient désormais écrits dans le « langage maternel françois » (art. 110). On commença à suivre les préceptes de ladite ordonnance, en la surnommant la Guillemine, rappelant son auteur. « L’Ordonnance sur le fait de la justice », prise à Villers-Cotterêts, le 19 août 1539, fut enregistrée au Parlement de Paris le 6 septembre suivant et successivement dans les différents parlements des provinces du royaume.
Le président de la République, Emmanuel Macron, chassant dans une autre forêt, celle de la confusion linguistique, se heurta à de vilains points qui risquaient de ne pas lui permettre de sonner le bien-aller dans ses discours et par-là même dans les propos des Français. Il sonna aussitôt l’hallali et servit, comme l’on dit en langage de veneur, cet obstacle pointu, en convoquant à Villers-Cotterêts, justement, tout l’aréopage linguistique. Il brandit alors devant eux non pas le couteau, mais une sentence : « Pas besoin d’ajouter des points au milieu des mots ». L’animal de la race inclusive s’effondra.
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J. Clouet, François Ier vers 1530, huile sur toile, Paris, musée du Louvre © WK.