Jadis, on les attendait toute l’année. On comptait les jours. L’impatience commençait début juin.

Vacances : ces syllabes magiques avaient le don de faire briller le regard des écoliers. Le mot était quand même plus poétique que « congés ». RTT, on n’en parle même pas.
Vacances

Les maisons réservaient parfois des surprises. Vue sur la mer, disait l’annonce. Ça n’était pas toujours vrai. Il n’était pas question de louer à la semaine. C’était juillet ou août, au complet.

Les mamans se méfiaient des coups de soleil. « La crème ! ». Ce cri retentissait sur la plage. Des frisbees volent au-dessus des têtes. Des courageux ont installé un filet de volley-ball. Les sportifs reviennent bredouilles de la pêche sous-marine, avec leur fusil à air comprimé dernier cri. Le masque leur a dessiné un rond rouge autour du visage. Le ski nautique n’est plus à la mode. Il est permis de trouver cela dommage. Les planches à voile aussi ont disparu, remplacées par les horribles scooters et leur bruit infernal.

L’été n’en finit pas. Les personnes sérieuses prétendront avoir enfin le temps de relire Proust. Les paresseux se contenteront de Maigret ou de vieilles séries noires. Le bateau sera encore en panne. C’est bien la peine de se ruiner en hivernage. Mais les hommes sont faits pour tirer sur la ficelle d’un hors-bord. Les filles sont rentrées à pas d’heure. Elles ont du sel sur la peau, les cheveux pleins de sable. Elles connaîtront des slows qu’elles croiront inoubliables et qu’elles oublieront. Tous se promettront de s’écrire en septembre. Nul n’en fera rien.

Soudain, la rentrée pointe son museau à la fenêtre, avec son parfum de cahiers neufs et de colle blanche. Il y a forcément quelqu’un pour siffler la fin de la récréation. Plus que dix mois à patienter.

Photographie : Vacances © Unsplash