La révérence n’est pas perdue
Les petites filles d’aujourd’hui ne se précipitent plus vers leur grand-mère ou les parentes ou les amies de celles-ci, en fléchissant légèrement leur genou, esquissant une charmante révérence. Cette marque de respect accomplie, l’aïeule accueillait l’enfant et lui déposait un baiser sur le front ou la joue. Ce geste gracieux a disparu de l’éducation des nouvelles Sophie. Il reste qu’il arrive que certaines Camille et Marguerite, dont les mères ont conservé le souvenir de la comtesse de Ségur, pratiquent encore cette élégante manière de saluer pour les enfants. Vous avez dit ringard ? Même si nous ne sommes plus au temps de la comtesse de Ségur, nous pouvons imaginer que les nouvelles petites Sophie se montreraient gracieuses.
Certains adultes pratiquent toujours la révérence. Devant le Souverain Pontife, par exemple ce qui n’est pas si fréquent ; devant les cardinaux et les évêques, ce qui se perd, d’autant qu’elle doit être complétée par le baiser de leur anneau. Les princes du sang figurent dans cette liste. Il n’y a pas si longtemps, à l’occasion d’une réception réunissant autour du roi d’Espagne, la fine fleur des altesses royales européennes, nous avons assisté à un festival de révérences, un ballet même, car cet exercice relève d’une chorégraphie très réglée : la jambe droite de la femme glisse légèrement derrière la jambe gauche, elle reste le buste bien droit et tandis qu’elle tient toujours la main du roi, de la reine, du prince qu’elle salue, puis elle glisse légèrement sa jambe et remonte. Mais dans les familles royales et princières, comme dans les autres d’ailleurs, on cousine beaucoup, on s’embrasse pour se saluer. Dès lors que l’on appartient à une famille royale, parente ou non, on marque son respect en effectuant une révérence. Finalement tout ceci est très simple, le cousin embrasse sa parente qui lui fait une révérence ; la cousine embrasse sa cousine et lui fait une révérence. La comtesse de Ségur n’y verrait qu’une élégante bienséance.
Et pour les hommes ? Ils inclinent la tête et attendent que le roi, le prince ou le cardinal leur tendent la main. N’oublions pas le baise-main. Ce sera pour une autre fois.
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