Vive Élisabeth II, duc de Normandie !
Si la Normandie se sent un peu de la fête, c’est grâce à Guillaume le Conquérant. Et à l’amour d’Élisabeth II pour les chevaux. C’est cette passion bien connue de tous qui l’entraîne dans un voyage privé de trois jours, du 26 au 29 mai 1967, dans l’Orne et le Calvados, au pays des haras. Elle séjourne alors au château de Sassy, entre Argentan et Alençon, chez le duc d’Audiffret-Pasquier, lui-même éleveur de cracks.
Est-ce au sortir de sa visite au haras du Pin ou du restaurant Le Caneton, à Orbec, où elle a déjeuné ? Les versions divergent. Toujours est-il qu’une petite foule s’est assemblée et, qu’au passage de la reine, elle crie : « Vive la duchesse, vive la duchesse ! » Amusée, Élisabeth II sourit à ses admirateurs et leur répond, en français : « Eh bien, je suis plutôt le duc de Normandie. »
Ce qui est on ne peut plus exact. En 1066, Guillaume, duc de Normandie, s’empare de l’Angleterre et transmet à sa mort son titre ducal à son fils aîné et au troisième la couronne anglaise. Le quatrième et plus jeune fils de Guillaume, Henri Ier Beauclerc, réunira les deux titres. Le contrôle de ce fief continental devient cependant problématique et, en 1202, le roi de France Philippe Auguste le déclare perdu et reconquiert deux ans plus tard la Normandie pour la rattacher à la couronne de France. Ce que Henri III d’Angleterre reconnaîtra en 1259, dans le traité de Paris.
Restent cependant les îles anglo-normandes, ultime partie du duché à être aujourd’hui encore la possession du souverain britannique, à l’exception de Chausey. Mais à Guernesey, comme à Jersey ou à Sercq, Élisabeth II est bien appelée par les insulaires le duc de Normandie, dux Normannorum, un titre médiéval qui n’a jamais connu de féminin. Et lorsqu’ils porteront un toast en son honneur, à l’occasion de son jubilé de platine, ils lèveront leur verre au « duc de Normandie, notre reine » !
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© A. Leibovitz.