Au jour d’aujourd’hui
Le pléonasme, puisqu’il s’agit de lui, est un terme qui ajoute une répétition à ce qui vient d’être dit. Exemples : « reculer en arrière », « pondre un œuf », « au grand maximum », « panacée universelle », « monopole exclusif », « prévoir d’avance », « sortir dehors », ou mieux, « avoir un futur projet » avec un « proviseur de lycée », père de « deux jumeaux » et fan de « samba brésilienne » !
Il y a des pléonasmes légitimes et d’autres qui sont totalement inutiles. Comme aujourd’hui, paraît-il autorisé, qui en est déjà un. Mais par qui ? Formé de « au jour » et de « hui », du latin hodie (ce jour), il signifie donc « au jour de ce jour ». Au jour d’aujourd’hui est donc un double pléonasme et on est en droit de s’étonner que le grand Lamartine l’utilise dans Les Méditations : « Dans ce cercle borné, Dieu t’a marqué ta place, l’univers est à lui et nous n’avons à nous que le jour d’aujourd’hui. ». C’est un peu comme si on disait « à demain demaind’main » ou « hier hier d’hier ». Ce goût de la répétition conduit même certains à employer la formule à l’heure d’aujourd’hui. Halte-là !
Reste à savoir si ce « dernier baroud d’honneur » servira à quelque chose. Il y a pourtant assez d’expressions aussi efficaces qui signifient la même chose. « De nos jours », « à notre époque » ou encore « actuellement », nombreuses sont les possibilités qui s’offrent à vous et qui devraient suffire à ravir l’oreille de votre interlocuteur.
Ne manquez pas de lire, ou relire les billets suivants : « Drôle de langue », « Usez et abusez des mots rares et précieux » et « Y a pas de soucis ! »
A.H. Dargelas, Le tour du monde © WK.