Réunion au sommet de Warhol et Basquiat
La fondation Louis Vuitton n’en est pas à la première exposition sur JeanMichel Basquiat. Déjà en 2018, elle avait confronté l’enfant terrible de Brooklyn à celui de la Vienne des Habsbourg, Egon Schiele. La rencontre de deux artistes, que plus d’un siècle séparait, ne manquait pas de pertinence. Les deux jeunes hommes ayant été fauchés par les tourments d’une vie torturée, au même âge, 28 ans. Ce tragique habite la relation féconde qui s’établit entre Basquiat (1960-1988) et Warhol (1928-1987), le premier aurait pu être le fils du second. D’ailleurs, ne l’a-t-il pas été un peu…?
La rencontre entre les deux hommes, dans les années 80, paraît inévitable. Bruno Bischofberger, le galeriste à l’origine du premier rendez-vous entre les deux artistes en laissera un récit précis, racontant que Warhol, comme il en avait l’habitude, s’était saisi de son Polaroid pour photographier un Basquiat, nullement intimidé… « Juvénile, sûr de lui et dominateur, à côté d’un Warhol tapi dans l’ombre, en attente, perplexe ». Et sans doute même un peu affolé par ce zombi débordant de talents et d'énergie.
La fondation Louis Vuitton raconte cette collaboration entre deux fauves, que l’art va apprivoiser. Ils réaliseront ensemble 160 toiles, « À quatre mains », titre de l’exposition, dont certaines parmi les plus grandes de leurs carrières respectives. Cette présentation, qui s’annonce comme la plus importante jamais consacrée à ce travail commun, ne rassemble pas moins de trois cents œuvres, dont quatre-vingts toiles portent la signature des deux artistes les plus importants du « downtown » new-yorkais des années 80.
On ne peut s’empêcher, au vu de cet héritage artistique que la fondation Louis Vuitton nous livre, de mettre en lien la fin tragique des deux créateurs. Le 22 février 1987, Andy Warhol, après avoir subi une opération de la vésicule biliaire, meurt dans son sommeil d’une crise cardiaque, victime des excès de produits anorexigènes et d'amphétamines, qu'il absorbait en grande quantité. Basquiat, effondré par la disparition de son mentor, sombre dans une sorte de dépression, accentuée par sa dépendance à la drogue. Le 12 août 1988, il est à son tour retrouvé mort dans son studio de Great Jones Street, qu’Andy Warhol lui louait à New York. Le peintre, qui est aujourd'hui un des plus chers du marché de l’art et l'un des plus grands artistes contemporains du XXe siècle, aurait à peine 63 ans…
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© Exposition « À quatre mains », Fondation Louis Vuitton