Y a pas de soucis !
Y a pas de soucis ? Si justement il y en a un… Avec cette interjection amputée du pronom il, notre interlocuteur vendeur dans une grande enseigne veut nous rassurer : nous serons livrés à temps. Mais nous aurions tort de prendre cette phrase à la lettre et cet indicatif devrait nous interpeller.
En effet, on devrait plutôt utiliser le futur et dire Y aura pas de soucis. Il est vrai qu’au jour d’aujourd’hui, c’est tout et n’importe quoi. Voilà un double pléonasme formé de « au jour » et de « hui » du latin « hodie » (ce jour) et signifie donc « au jour de ce jour » et pourquoi pas alors « hier d’hier » !
J’ai envie de dire aussi que nul besoin d’utiliser tout à fait à tout bout de phrase pour dire tout simplement « oui ». Là, c’est vraiment la totale, car nous risquons tous de voir nos enfants le jour de leur mariage répondre tout à fait au lieu de « oui » au curé ou au maire.
À propos de mariage, votre fille sera sans doute ravissante après son passage chez le coiffeur… Rien à voir avec la rose de François de Malherbe* qui a vécu « ce que vivent les roses, l’espace d’un matin ». Souhaitons que cette journée de mariage soit jubilatoire, à moins que les jeunes mariés aient fait quelque part une erreur de casting.
Alors, bonne fin de journée et surtout bonne continuation !
* François de Malherbe (1555-1628), poète et puriste, s’employa à instituer une langue compréhensible par tous. Avant de mourir, dans une espèce d’agonie, il se réveille pour gronder sa garde-malade qui s’est servie d’un mot impropre. Comme un ami le somme de rester tranquille, il répond brusquement : « Je maintiendrai jusqu’au bout la pureté de la langue française. »
Ne manquez pas de lire, ou relire les billets suivants : « Drôle de langue » et « Usez et abusez des mots rares et précieux ».
Gravure revisitée : François de Malherbe (1555-1628)