Usez et abusez des mots rares et précieux
Ils sont partout ces mots nouveaux créés, comme dit le Robert, « par dérivation, composition, troncation, siglaison, emprunt, etc. ». Généralement ils n’ont pas bonne presse et on peut le comprendre lorsqu’il s’agit des bureautiques et autres déchèteries.
Mais il y en a qui sont bien intégrés, tel l’impressionnisme inventé par un journaliste pour le tableau de Claude Monet « Impression Soleil levant ». Depuis, les écrivains se sont passionnés pour les faire revivre à travers leurs plus belles créations, pour les emparadiser, comme Mallarmé, et même les apothéoser, à l’image d’un Baudelaire enthousiaste.
D’ailleurs, au risque de se faire admonester, tancer, voire morigéner par ses adversaires politiques, un certain Président de la République n’hésita pas à emprunter à Arthur Rimbaud son célèbre abracadabrantesque avec le retentissement que l’on sait.
Merci à Marcel Proust qui nous incite à ne plus brouillonner avec des carabistouilles et autres fariboles.
Merci à Balzac qui pense que rien n’est plus agréable d’entendre les vaches tintinnabuler dans un pré en ambulant avant de s’enforester, comme le suggère Chateaubriand, pour dormioter entouré de jolies bachelettes, chères à Balzac, pas forcément callipyges comme le suggère Victor Hugo.
Pour Chateaubriand, ce serait sans doute le bonheur absolu sans outrecuider outre mesure et surtout sans utiliser des propos cambronnesques contre une inintellectuelle migraineuse de passage (merci encore Marcel Proust !)
Alors, nous aussi, attachons-nous à repérer et à réutiliser ces merveilles littéraires pour ne pas les enterrer et les faire revivre.
Ne manquez pas de lire, ou relire les billets suivants : « Drôle de langue », « Y a pas de soucis ! » et « De grâce, n’écorchez pas mon nom… »
C. Monet, Impression, Soleil levant, 1872 © WK.