Une robe blanche
Comment Jean, le cousin de Jésus, procédait-il pour baptiser ceux qui venaient à lui sur les rives du Jourdain ? Selon le théologien André Paul, il pratiquait l’immersion individuelle. C’est la raison de son surnom, car littéralement « l’Immerseur » dérive du grec baptizen qui signifie « plonger ». La symbolique de la purification du corps que l’on retrouve dans de nombreuses civilisations, est aussi celle de l’âme dans le monde chrétien. Dans la tradition byzantine, le baptême se pratique donc par une immersion complète.
Réservé aux adultes, le baptême a été ouvert aux nourrissons à partir du XIIe siècle. À cette époque, ils étaient complètement immergés dans le baptistère puis enveloppés dans un grand linge brodé. Depuis quelques années, cette coutume est revenue dans le cérémonial de certaines paroisses catholiques, ce qui déclenche des cris et des pleurs. Les bassines qui ont remplacé les baptistères ne permettent pas toujours de conserver une eau, quoique bénite, à une température supportable pour un enfant.
À partir du XVIIIe siècle, on se contenta de verser de l’eau sur le front des enfants préalablement revêtus d’une robe afin de remplacer le linge. Ces robes étaient pour les familles qui le pouvaient, brodées de fleurs, ornées de rubans et de dentelles voire même parfois armoriées. Elles étaient naturellement blanches, une teinte symbolisant la pureté. Ce vêtement parfois en soie était conservé dans les familles et transmis de génération en génération.
Ces robes ont à la fois une âme et une histoire, non seulement celle d’une famille, mais aussi celle des petits enfants qui en ont été revêtus. Certaines robes étaient encore agrémentées d’une ceinture. Celle du duc de Bordeaux, le futur comte de Chambord, était somptueuse, en soie et cannetille dorée figurant des tiges fleuries et une chaine.
E. Brownlow, Le Baptême, 1863 © Meister Drucke