Sonnez les matines !
Et c’est là que les miracles eurent lieu.
D’abord, « Le grand saint étendit trois doigts / Les trois enfants ressuscita. » Souvenez-vous : « Ils étaient trois petits enfants / Qui s’en [étaient allés] glaner aux champs. » Mais il semble qu’il n’y ait pas que ce seul miracle dans cette histoire-là. Le second, moins céleste, plus profane, n’en est pas moins extraordinaire. Voyez plutôt : en ce début de XXIe siècle, nous chantons encore (ou tout du moins, nous l’espérons), une ritournelle née dans la première moitié du XIIe siècle.
C’est-y pas beau ! Il y a mieux. La complainte de Saint-Nicolas recueillie par Gérard de Nerval en 1842 dans la province du Valois – un petit morceau de notre Picardie –, sous sa plume inimitable et fantasque, devint un passage en 1856 de ses épatantes Filles de feu.
Il y a plus fort encore : comme La tour, prends garde ! et Malbrough s’en va-ten guerre qui relativisent avec un humour désinvolte les désastres de la guerre, comme Sur l’Pont du Nord qui prévient les têtes écervelées de ne pas l’être trop, La Légende de Saint-Nicolas met en garde nos enfants de ces périls qui les guettent et qui font la joie des amateurs de faits divers.
La comptine sera toujours plus efficace que le doigt sévère qui s’agite sur le sempiternel « N’accepte jamais de bonbons de quelqu’un que tu ne connais pas ».
Dans notre époque fertile en ogres qui ne portent plus ni bottes ni coutelas et que l’on ne peut donc pas reconnaître à première vue, c’est une chance.
Chanter à tue-tête, c’est commencer à parer au pire. Qu’on se le dise !
Ne manquez pas de lire, ou relire notre autre billet : « Un Noël en noir et blanc ».
Saint Nicolas de Myre, vitrail de la cathédrale Saint-Nicolas de Newcastle © Flickr.