Nouilles ou pâtes ?

Aspirer à grands bruits un spaghetti qui pendouille, qui barbouille, qui se suçouille est un plaisir qui fait l’unanimité chez les galopins du monde entier. Le spaghetti se machouille, se touille, se tripatouille ; normal quand on fait partie de la famille des « nouilles ».
Nouilles ou pâtes ?

Et les « pâtes » alors ? Elles ne seraient pas de la famille ? Si, c’est la branche italienne, aristocratique, mais pas fauchée pour autant. Les pâtes sont riches, très riches même : pensez donc, cinq œufs frais au kilo ! Et pour bien rappeler leurs nobles origines, attention à la prononciation : des pâtes, des pâtes, oui mais des pââââtes ! Alors que « nouille », ça se crachouille ; de là à en déduire que la nouille serait le parent pauvre de la famille, il n’y a qu’un pas ou plutôt qu’une pâte… Ne dit-on pas d’ailleurs « pauvre nouille ». Certes on imagine bien les nouilles, pain quotidien de l’étudiant sans le sou, collées au fond d’une vieille casserole mal récurée. « Pauvres nouilles inanimées, avez-vous donc une âme ? » 

Triste constat qui ne ressemble en rien à la douce euthanasie des pâtes italiennes, rigatoni, penne, fusilli, linguini et autres pâtes fraîches. Ce n’est plus une mise à mort, c’est un rite : après avoir compté quatre fois leur volume d’eau dans une jolie marmite, elles seront versées délicatement dans le liquide frémissant que l’on portera doucement à ébullition, en surveillant de très très près que celle-ci ne s’arrête pas. Parfait ! les voilà bien cuites, résistantes sous la dent… Al dente ! Pas question de Ketchup sanguinolent. Niente ! Ca, c’est pour les nouilles…

Alors, nouille du pauvre, et pâte du riche ? Pas si simple. Certes, en France, la pâte nous paraît plus prestigieuse que la nouille parce que plus exotique, ne serait-ce que par ses consonances méditerranéennes, alors qu’en Italie, pas d’équivoque, la pâte est sociale, voire nationalisée. Nouilles ou pâtes ? Quoi qu’il en soit, vive l’Europe de la pasta !

 

J. Kapusnak © Unsplash.