Le Royal Standard ne s’abaisse jamais
Le jeudi 8 septembre 2022, l’Union Jack flottant sur le fronton de Buckingham Palace à Londres a été mis en berne. Le Royaume-Uni était en deuil. Son souverain, la reine Élizabeth II, venait de mourir. Serait-elle décédée dans ce palais, le Royal Standard, qui marque sa présence où qu’elle soit, aurait toujours cueilli le vent. L’étendard royal n’est en effet jamais mis en berne au décès du monarque, car la couronne passe immédiatement à son successeur. Il y a toujours un monarque sur le trône. Nous l’avons d’ailleurs vu : la présence du roi Charles III à Buckingham a été marquée par le Royal Standard. Sitôt absent, il a été remplacé par l’Union Jack mis en berne, le temps du deuil national.
Là où est le souverain – qu’il soit en visite officielle ou privée, dans un bâtiment public, son automobile comme à la proue du yacht royal lorsqu’il était encore en service, ou encore une école –, l’étendard royal est arboré, visible par tous. La reine Élizabeth II avait gagné Balmoral, en Écosse, le 21 juillet. À partir de cette date, l’Union Jack avait donc été hissé sur Buckingham Palace, comme il l’était sur le château de Windsor ou sur Sandringham House, ses autres résidences, pour indiquer que le souverain n’y était pas. Le Royal Standard de la reine d’Écosse a, naturellement, recouvert son cercueil en Écosse, comme il sera recouvert à Londres par le Royal Standard de la reine d’Angleterre.
Ce dernier est écartelé entre les armoiries de l’Angleterre (les léopards), celles de l’Écosse (le lion) et celles de l’Irlande (la harpe). Cette version date du règne de la reine Victoria. Auparavant, l’étendard royal portait en outre les armoiries de Hanovre (le cheval cabré) et de France (les fleurs de lys), représentant l’union personnelle entre le Royaume-Uni et le royaume de Hanovre ainsi que la revendication anglaise du trône français. Lors des cérémonies à Édimbourg, on a pu voir qu’il était différent. Les armoiries de ce royaume occupent les premier et quatrième quart et celles d’Angleterre le deuxième. Cet étendard trouve son origine chez les rois d’Écosse du XIIe siècle et fut utilisé jusqu’à l’Union des Couronnes de 1603.
Chaque membre de la famille royale possède son étendard personnel. Celui du prince Philip, duc d’Édimbourg, recouvrait son cercueil lors de ses obsèques. Jusqu’en 1952, date à laquelle Élizabeth est montée sur le trône, elle et son époux, duc et duchesse d’Édimbourg, disposaient de leurs étendards qui flottaient conjointement.
Espérons que ces quelques développements vous permettront une meilleure lecture, lundi prochain, de la cérémonie des funérailles de la reine Élisabeth II.
Ne manquez pas de lire, ou relire les billets suivants : « Dans les coulisses du couronnement » et « Vive Élisabeth II, duc de Normandie ! ».
© Édimbourg, 12 septembre 2022.