Ingres, l’artiste et ses princes au Château de Chantilly
Ingres et la famille royale
L’exposition présentée de manière chronologique débute par la relation privilégiée tissée entre Ingres et le duc Ferdinand d’Orléans, Prince Royal (1810-1842), fils aîné du roi Louis Philippe. Plus grand mécène de l’artiste, il acquit en 1839 l’envoi de Rome Œdipe et le Sphinx, puis Stratonice et lui commande son portrait. Ces trois chefs-d’œuvre liés intimement à l’un des plus grands amateurs de l’art d’Ingres seront réunis pour la première fois.
Plus tard, suite au décès du Prince Royal en 1842, le roi Louis-Philippe et la reine Marie Amélie décident de confier à Ingres l’exécution des cartons de vitraux pour la chapelle Saint-Ferdinand érigée à l’endroit même de la disparition du duc. Le couple royal renouvelle l'expérience l’année suivante pour la chapelle royale de Dreux et commande à l’artiste en 1842 un grand tableau religieux pour la chapelle du château de Bizy.
Le duc de Montpensier, frère cadet du Prince Royal, devient également l’un des commanditaires de l’artiste et acquit en 1847 une œuvre.
À son tour, Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), commande à Ingres, en octobre 1847, des vitraux pour la chapelle du château de Chantilly. En mémoire de son frère aîné brutalement disparu, le duc d’Aumale acquiert cinq tableaux majeurs et un grand dessin de l’artiste, légués à l'institut de France et aujourd’hui conservés au musée Condé de Chantilly.
Provenant de collections nationales et internationales, tableaux et dessins commandés ou collectionnés par les princes d’Orléans seront réunis à Chantilly, aux côtés de leurs études et leurs variantes. Ces 110 œuvres permettent de retracer un panorama de la carrière d’Ingres, de ses débuts parisiens à ses dernières années, et de comprendre le travail perfectionniste et méthodique d’un des plus grands peintres français.
L’exposition se penche également sur le caractère perfectionniste du peintre. Des analyses scientifiques (radiographies, ultraviolets, infrarouges, etc.) menées au Centre de Recherches et de Restauration des Musées de France (C2RMF) au palais du Louvre, montrent visuellement comment Ingres a repris et modifié ses plus grands chefs-d’œuvre comme l’Autoportrait dit à vingt-quatre ans (Chantilly, musée Condé), commencé en 1804 et achevé vers 1850, ou la grande Vénus Anadyomène (Chantilly, musée Condé), commencée en 1808 à Rome et terminée en 1848.
Située dans la salle du Jeu de paume du Château de Chantilly, l’exposition se présente comme une succession chronologique d’ateliers du peintre, regroupant tableaux et dessins autour d’une thématique principale, chaque atelier réservant une place centrale à l’un des chefs-d’œuvre présentés. Ce cheminement permet de comprendre comment Ingres crée et recrée sans cesse ses plus importantes compositions, tout en déroulant le fil de ses relations avec les princes d’Orléans.
Le Château de Chantilly
Le château de Chantilly est l’un des joyaux du patrimoine français. Il est aussi l’œuvre d’un homme au destin exceptionnel : Henri d’Orléans, duc d’Aumale, fils du dernier roi des Français, Louis-Philippe. Ce prince, considéré comme le plus grand collectionneur de son temps, a fait de Chantilly l’écrin de ses innombrables chefs-d’œuvre et manuscrits précieux. Le château a traversé les siècles tel que le duc d’Aumale l’a offert en 1886 à l’Institut de France : l’occasion rêvée d’entamer un voyage dans le temps en plein cœur d’une demeure princière. En hommage à ses illustres prédécesseurs, les princes de Condé, le duc d’Aumale a appelé cet ensemble le « musée Condé ».
Informations pratiques
Du 3 juin au 1er octobre 2023 au Château de Chantilly.