Favori ou rouflaquette ?
Premier constat d’évidence : elle est immaculée.
Pourquoi le père Noël porte-t-il une barbe blanche ? C’est pour ne pas être confondu avec le Petit Chaperon rouge vous répondront, nous prenant de vitesse, filles et garçons sortis de classe le temps des vacances.
Cette question cruciale ayant été, une fois pour toutes, résolue, reste à deviner de quoi est faite cette indéfrisable richement fournie et toujours impeccablement brossée. Menton, bajoues et moustaches sont de poil. Là-dessus, il n’y a pas à revenir. Mais quid du passage de l’oreille ? Monsieur Noël porte-t-il rouflaquettes ou favoris ?
Diantre ! Pas facile de prendre parti. Et puis, est-ce vraiment nécessaire de démêler l’un de l’autre ? Mais, voyons, c’est capital ! Car, une fois pour toutes, la rouflaquette est constituée d’une longue mèche de cheveux tombant le long de la tempe tandis que le favori, lui, est formé de touffes de poils de joue. On confond bien trop souvent les deux, sans doute parce que, reconnaissons-le, il est plaisant de prononcer le mot « rouflaquette ».
Cette rouflaquette, donc, en vogue en Europe de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XIXe siècle, a bel et bien quasiment disparu, Serge Gainsbourg et Johnny Cash lui ayant, cependant et en leur heure, rendu un tant soit peu honneur.
C’est le favori qui la supplanta et de quelle façon ! Mis à la mode par Alexandre Le Grand – rien que ça – il séduisit jusqu’à Elvis Presley, ses remuants petits camarades des années 1960 et 1970 et même Wolverine, super-héros Marvel à la pilosité énervée.
Et le Père Noël dans tout ça ? Après une enquête pourtant menée à la loupe, la vérité nous oblige à reconnaître que nous sommes incapables de trancher.
Qu’importe finalement. Le tout est de ne pas arborer en même temps favori et rouflaquette. Outre le fait que cela équivaudrait à porter à la fois ceinture et bretelles, il semble que cela porte malheur. C’est en tout cas, ce que sous-entendait Aristide Bruant quand il chantait, au cabaret du Chat Noir, son standard À la Villette.
Cette complainte qui narre la courte de vie de Toto Laripette achevée sous le couperet du bourreau est formelle sur ce point : « Il avait deux p’tits favoris, / Surmontés d’eun’ fin’ rouflaquette, / À la Villette. » Le pitoyable Laripette n’aura pas vu souvent passer le Père Noël faisant, sur fond de clochettes et la barbe au vent, sa tournée céleste ! Il n’aura fêté le passage à l’an neuf que quelques brèves années. Sous le gui, au douzième coup de minuit, nombre d’entre nous ont une pensée pour lui et ses compagnons d’infortune.
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