Éloge de l’hiver
Le paysage ressemble à l’enfance. On rêve de moufles et de batailles de boules de neige. La fin de Tirez sur le pianiste saute soudain à l’esprit, avec le corps de Marie Dubois dévalant une pente montagneuse.
L’espace de quelques semaines, Paris se situe dans les Alpes. La nuit, les bruits ne sont plus les mêmes. Des guirlandes brillent sur les avenues. La météo donne à la lumière d’autres couleurs. Il y a mille choses à faire : décorer le sapin de Noël, remettre une bûche dans la cheminée, servir du vin chaud. L’air est plus vif. Un vent froid souffle dans les rues. Cela a le don d’éliminer les touristes en short. On se croirait dans un vieux Simenon. Les promeneurs poussent de petits nuages devant leur bouche. Les enfants ont le nez rouge. Les femmes enfouissent leur beauté dans des écharpes. L’hiver leur va comme un gant. Les cafés sont remplis de fumée.
On a des envies de poudreuse et de pistes noires, du cliquetis des télésièges et de descentes aux flambeaux. La vulgarité, si visible en été, est inscrite aux abonnés absents. On a l’impression qu’il fait nuit tout le temps. Quelle paix ! Les dimanches s’écoulent lentement, à lire un bon gros roman anglais sous la couette en croquant dans des tartines à la confiture ou à se repasser le DVD des Bronzés font du ski. Qui va-t-on inviter pour le Nouvel An ? Ah non, pas de raclette, svp.
L’hiver n’est plus ce qu’il était, dit-on. Le réchauffement climatique lui veut du mal. Il faut arrêter ça. L’homme moderne aura toujours besoin de banquises et d’ours polaires (quand l’auteur de ces lignes ne se surveille pas, c’est Greta Thunberg qui s’empare de son stylo…). L’hiver a un seul défaut : il ne dure que trois mois.
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A. Audet, Paysage d’hiver © Pixabay.