Drôle de langue
Drôle de langue en effet où l’on passe des nuits blanches lorsque l’on a des idées noires, où l’on lave un affront et l’on essuie une injure, où l’on doit mettre de l’argent de côté pour en avoir devant soi et où l’on remercie un employé lorsque l’on n’est pas content de ses services même si le PDG a la cheville ouvrière.
Où fur n’existe pas sans mesure, rez sans chaussée, lurette sans sa belle et où l’on peut trouver un estomac dans les talons, des pieds dans le plat, un soupçon dans le lait, une grimace dans la soupe et un chat dans la gorge.
Où persifler ne prend qu’un f et siffler deux, où chariot n’a qu’un r et charrette deux et où l’on écrit traditionnel mais traditionaliste, imbécile mais imbécillité.
Où l’hexagone n’a que quatre coins, où l’on peut creuser un écart, avaler une couleuvre, se retrouver à cheval sur des principes avec un compas dans l’œil…
Où les inconnus sont illustres et où au jour d’aujourd’hui les idiots habitent dans les villages et où les pinsons sont gais même si on leur pose un lapin alors que les fêtes battent son plein.
Où l’entraîneuse n’est pas l’épouse de l’entraîneur, la cafetière celle du cafetier et l’aumônière celle de l’aumônier, où pendule est masculin entre les mains d’un radiesthésiste et féminin quand il s’agit de donner l’heure et où l’hôte est à la fois celui qui reçoit et qui est reçu.
Où déclin et berne sont privés de pluriel alors que victuailles, fiançailles et vivres y sont condamnés.
Que vous ayez une mémoire d'éléphant ou que vous soyez dans la lune, le BM se réjouit de vous mettre au parfum.
Ne manquez pas de lire, ou relire les billets suivants : « Usez et abusez des mots rares et précieux », « Y a pas de soucis ! » et « De grâce, n’écorchez pas mon nom… »
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