« Amuser la galerie »
En fait, l’explication nous vient du XVIIe siècle où l’on pratiquait assidûment le « jeu de paume », initialement joué à main nue ou gantée de cuir. Il devint ensuite un sport de raquettes. C’est évidemment l’ancêtre de la pelote basque et du tennis.
La « courte paume » se joue en salle avec une galerie comme le trinquet pour la pelote basque, contrairement à la « longue paume », qui se joue en extérieur. Ladite galerie était un poste d’observation où, pour se faire remarquer, certains joueurs n’hésitaient pas à multiplier les acrobaties ou autres fantaisies. On disait alors qu’ils « amusaient la galerie ». C’est ainsi que la galerie en est venue à désigner un auditoire, d’abord celui des amateurs du jeu de paume, puis de l’opinion publique en général.
Après la disparition du jeu de paume, l’expression survécut et elle fut de plus en plus utilisée pour caractériser ceux qui cherchaient à séduire un public en « amusant la galerie ». Le Dictionnaire de l’Académie relève en 1835 : « Il se dit encore figurément et familièrement. Du monde, des hommes considérés comme jugeant les actions de leurs semblables ». Pas faux… La preuve avec Paul Léautaud dans le Théâtre de Maurice Boissard : « Il faut palabrer, gesticuler, impressionner la galerie, jouer la comédie sociale, les cabots d’un côté et les gobeurs de l’autre ». Autre exemple significatif avec Martin du Gard dans Les Thibault : « Et personne ne m’ôtera de l’idée d’ailleurs que ton Jaurès, il plastronne pour la galerie ! Dans le fond, il sait aussi bien que moi que les jeux sont faits ».
Mais attention ! On ne doit pas écrire pour épater les lecteurs comme l’expliquait Baudelaire dans ses Conseils aux jeunes littérateurs : « La ligne courbe amuse la galerie mais ne l’instruit pas », ce qui veut dire en d’autres termes qu’un véritable écrivain doit lutter contre la tentation de faire l’intéressant en abusant de maniérisme et d’affection.
Il avait évidemment raison.
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© Jeu de Paume, Bridgeman Images.